lundi 2 juillet 2007

 

Quels États-Unis pour l’Afrique ?

Source : http://www.afriquecentrale.info/central.php?o=1&s=126&d=3&i=683


Michael Didama est le directeur de publication du journal Le Temps de N'Djamena, au Tchad. Il est l’auteur de "L'unité Africaine, du rêve à la nécessité: plaidoyer pour les États-Unis d'Afrique", un ouvrage paru il y a trois ans et qui conserve toute son actualité au moment ou l’Union africaine tient son sommet à Accra. ET justement, le thème central de cette réunion est consacré à la mise en place d’un gouvernement de l’UA et, à terme, la création des États-Unis d’Afrique. Un projet qui divise de nombreux pays sur le continent.

Voici un extrait de l’ouvrage de Michael Didama

L’érection des États-Unis d’Afrique doit s’inspirer de l’expérience américaine et même européenne. En effet l’exemple de l’intégration européenne avec l’adoption prochaine de la Constitution européenne et surtout l’entrée en vigueur de l’Euro le 1er janvier 2002 sont des expériences intéressantes. La monnaie unique européenne est un ciment fort de l’unité européenne. Elle favorise les échanges économiques et facilite énormément la vie des Européens. La disparition des barrières douanières à l’intérieur des frontières européennes est aujourd’hui un vecteur de croissance pour beaucoup de pays européens. Ce sont là des situations positives qui peuvent inspirer l’Afrique.

Les États-Unis d’Afrique dans la conception de leur système de gouvernement doivent aussi s’inspirer la défunte Union soviétique. Non pas en inventant un stalinisme tropical mais en puisant dans les institutions soviétiques qui ont permis la cohabitation dans une immensité hétéroclite comme fut l’Union soviétique de peuples fort différents. Aujourd’hui, le nationalisme chauvin de certains États Africains est un handicap sérieux pour asseoir une union et une unité politique forte, efficace et opérationnelle. En Union soviétique, existaient des Républiques fédérées et autonomes en dépit de la diversité des peuples, des religions, des ethnies, des cultures. Les structures politiques du régime soviétique ont permis à l’Union soviétique de tenir pendant sept (7) décennies.

Si l’Union soviétique a volé en éclats, c’est sûrement à cause de ses dirigeants qui n’ont pas su s’adapter à l’évolution de leurs sociétés. Les pays colonisateurs ont modelé certains Africains, ont travesti leurs pensées et l’établissement des États-Unis d’Afrique devra tenir compte de ces situations. Le nationalisme chauvin est une réalité qu’il faut prendre en compte. Ainsi pour résorber ce micro-nationalisme, il serait intéressant, qu’à ses débuts, les États Unis d’Afrique soient une Confédération. Ce système de gouvernement fait que chaque État conservera sa souveraineté tout en étant soumis au pouvoir central. Cela évitera sûrement les frictions qui ne manqueront pas de naître au début. Toutefois il faut reconnaître que ce système, s’il est mal appliqué, fera de ces États-Unis d’Afrique un mort né.

Disposant de souveraineté, certains États de cette confédération seront tentés de faire monter les enchères sinon de faire du chantage. Et cette manière de faire mettra du plomb dans l’aile de l’exécutif.

L’idéal, c’est que les Africains surmontent leurs chauvinismes nationaux et mettent sur pied un État fédéral fort, plutôt que confédéral. Ainsi le mode de gouvernement qui sied doit être un régime présidentiel fort. Un exécutif à régime présidentiel fort pourrait être une expérience à tenter. Ce président doit être élu au suffrage universel et disposer d’assez de pouvoir pour affermir ce nouveau pays. Avoir assez de pouvoir ne veut pas dire être tyrannique. Avoir assez de pouvoir, c’est savoir être souple, c’est savoir se plier sans rompre et frapper sans casser. L’élection du président fédéral directement par le peuple lui confère une légitimité directe qui lui permette d’avoir assez de marge de manœuvre dans l’exercice de son pouvoir.

L’avènement des États-Unis d’Afrique ne peut donc pas être une utopie. Ceux qui disent que prôner les États-Unis d’Afrique c’est de l’utopie, ce sont ceux là même qui tirent profit honteusement de la misère de l’Afrique. Quand on ne fait pas l’histoire, on la subit. L’histoire n’a pas besoin de spectateurs. Elle a besoin des acteurs. Les Africains ont assez subi, ils doivent maintenant être le boulanger de leur vie. Nous devons maintenant être les acteurs de notre propre histoire.Les différentes communautés sous-régionales peuvent déjà être un socle sur lequel on peut carburer pour construire ce pouvoir continental si, passer une fédération État par État prend du temps.

La CEDEAO a prouvé qu’elle est assez mûre et peut, par exemple, être une locomotive. Toutefois il se trouve déjà des États qui se sont préparés depuis longtemps pour l’avènement de ce gouvernement transcontinental. Ceux-là peuvent déjà se lancer dans cette aventure exaltante. Il ne faut pas non plus mettre la charrue avant les bœufs ou simplement aller à la vitesse du lièvre.

Mais que les Africains qui aiment leur continent et qui sont conscients que l’avenir de l’Afrique passe par une révolution profonde, une réfondation politique historique sachent que c’est un impératif que de bâtir les États-Unis d’Afrique. Ce n’est pas une utopie. C’est une question de volonté politique et d’indépendance d’esprit.Bâtir les États-Unis d’Afrique sera difficile mais pas impossible. Difficile parce que ce qui a empêché l’O.U.A de réussir, ce qui handicapera l’Union Africaine de grandir va s’opposer à l’émergence d’un gouvernement transnational, d’un pouvoir continental en Afrique : l’ingérence extérieure, l’hégémonisme des puissances occidentales.

Mais les obstacles à l’émergence d’un tel gouvernement continental proviendront aussi des Africains. Le manque d’une conscience nationale a empêché la construction d’une nation dans la presque totalité des États Subsahariens : le villagisme. Et les chefs d’État africains donnent souvent le mauvais exemple en s’entourant de leurs parents, de leurs coreligionnaires, reléguant les autres citoyens à une citoyenneté de seconde zone.

N’ayant pas déjà cette conscience nationale, l’Africain pourra-t-il passer à une conscience supranationale, en se sentant citoyen des États Unis d’Afrique? Pour le professeur Jean-Jacques Makaya, « l’observation sur la durée des sociétés d’Afrique sud saharienne permet d’affirmer que les difficultés politiques et économiques de ce sous-continent ont un fondement sociologique. L’Afrique sud-saharienne souffre de sa lenteur à passer d’une organisation tribale fondée sur les us et coutumes de la communauté villageoise à une organisation sociale urbaine fondée sur la mixité tribale et la conscience nationale.

Alors que dans d’autres parties du monde (Amérique latine, Asie, Europe), le phénomène d’urbanisation a induit, au fil du temps, des comportements propices à l’émergence d’une conscience nationale( brassage ethnique, fusion culturelle, prédominance d’une ou de deux langues véhiculaires, etc.), il obéit en Afrique noire, à des particularités qui font que, même installé en milieu urbain, l’Africain fonctionne suivant les schèmes de la communauté villageoise. Or celle-ci a pour fondements socio-économiques le petit village, la petite organisation tribale, la petite économie de subsistance, la petite répartition clanique des biens économiques, les petits échanges entre villages voisins, les petits revenus ; et, pour institutions sociopolitiques le conseil de famille et le conseil tribal. De sorte que, dans son référent culturel, l’Africain a pour horizon mental le clan et la tribu. D’où la difficulté qu’il éprouve à se situer à l’échelle nationale » (Organisation sociale tribale et sociétés humaines : le défi de l’Afrique, Professeur Jean-Jacques Makaya, in Jeune Afrique Economie n°351 de novembre 2003 P. 143).

Le professeur Makaya poursuit : « Dans la société négro-africaine traditionnelle, le sentiment d’appartenance à un groupe tribal est particulièrement fort. L’individu isolé ne participe pas à la force vitale du groupe et ne bénéficie pas, par conséquent, de sa protection. Son statut social lui est conféré par son degré d’insertion dans le groupe. La personnalité qui s’y forme est essentiellement communautaire. L’individu participe du groupe et est dominé par son destin collectif. Cette importance de la communauté tribale explique la solidité des liens familiaux qui s’étendent à toute la communauté villageoise, considérée comme la cellule de base, elle explique la solidité et l’entraide constatées au sein de la communauté. Elles permettent par exemple d’apporter la sécurité aux plus jeunes puis aux plus âgées, aidés à leur tour par ceux qu’ils ont aidés ; la prédominance des liens affectifs dans les relations interpersonnelles, même lorsqu’elles sont politiques ou économiques, la sacralisation de l’âge, symbole de l’expérience, de la sagesse et de la connaissance. ( idem P. 144).

Le sociologue suisse Jean Ziegler qualifie de son côté les nations africaines de protonations (cf Jean Ziegler, L’Afrique trahie : les protonations in Main Basse sur l’Afrique, Edition du Seuil, Paris 1980, P.223). Autrement dit l’état de construction primitive d’une nation.Le défi est-il de bâtir une nation dans chaque pays africain avant de songer à une identité africaine politique transnationale ? Il est vrai, que l’enjeu pour certains pays africains, c’est de construire une nation comme le relève très bien le professeur Makaya : « (…) Le principal enjeu auquel doit actuellement faire face l’Afrique sud saharienne est d’assurer le passage d’une vie politique trop fortement connotée par la tribu et la région de ses leaders à une sphère politique composée de formations à dimension nationale ou ayant vocation à coaliser avec les autres partis sur la base d’un projet de société commun. Sur le plan économique, il s’agit de passer des actuels appareils économiques rentiers et de prédation à de véritables systèmes de productions créateurs de richesse et dont les institutions politiques et économiques assurent la répartition à l’échelle nationale.

Enfin, sur le plan social, il faut garantir l’égalité des chances à tous les membres de la communauté nationale. Telles qu’elles fonctionnent, les institutions nées des logiques et structures sociales traditionnelles ne sont pas de nature à assurer ces évolutions politiques, économiques et sociales. Eu égard à leur forte viscosité, rien n’est plus difficile que de faire mouvoir les logiques et structures sociales d’un groupe humain. Mais l’on ne doit pas indéfiniment évoquer la difficulté de la tâche pour sans cesse reculer l’amorçage, tant il est vrai que l’attitude qui consiste à appeler le temps au secours relève de la démission, et, dans la situation actuelle de l’Afrique sud saharienne, du suicide collectif. » (Organisation sociale tribale et sociétés humaines : le défi de l’Afrique, Professeur Jean-Jacques Makaya, in Jeune Afrique Economie n°351 de novembre 2003 P. 144).

Il est vrai qu’une identité nationale peut être un vecteur vers une supranationalité au sein d’un État supranational, les États-Unis d’Afrique. Malheureusement les velléités de souveraineté manifestées ça et là par les hommes politiques africains sont un handicap pour l’unité africaine. Cependant ces velléités sont souvent l’expression d’égoïsme de prébendiers à la tête des États Africains. Les États-Unis d’Afrique auront pour seul but d’unir les forces de l’Afrique, de toutes les forces, afin d’impulser un développement durable de l’Afrique pour le bien être des Africains. Le micronationalisme n’a donc plus sa place. Le problème de supranationalité ne se poserait pas à notre avis puisque la notion de frontière est inexistante dans le référent traditionnel de l’Africain ordinaire. Les frontières héritées de la colonisation ont toujours été considérées comme une oppression pour l’Africain lambda.

L’avènement d’une fédération d’États Africains sera difficile puisque beaucoup de nos chefs d’État africains, véritables tyrans et corrompus pour la plupart, n’accepteront pas de perdre leurs privilèges. Ils n’accepteront pas qu’on fasse cesser les pots de vin ou autres bakchichs que leur versent les multinationales d’autant plus que les principes cardinaux des États-Unis d’Afrique seront la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion de la chose publique.

Quand on parcourt le rapport 2003 de l’ONG britannique Global Witness sur les pratiques de la corruption, on est écœuré par ce qui se passe en Afrique. Elf, la compagnie pétrolière française, a fait du Congo-Brazza le pays le plus endetté au monde par tête d’habitants. Le Congo- Brazza a moins de 3 millions d’habitants et a une dette extérieure de 6, 4 milliards de dollars américains( soit 3670 milliards de FCFA) soit deux fois plus le produit national brut du pays. Le montant total de la dette externe et interne du Congo-Brazza est de 11,5 millions de dollars). Global Witness accuse la compagnie française d’avoir « institutionnalisé l’opacité, favorisant des gouvernements qui ne répondent pas de leur gestion, un endettement massif et une instabilité chronique ».

Voici comment Elf se sucre sur le dos des Congolais : « Elf crée une société, en règle générale en Suisse, pour, après, soit lui prêter de l’argent à un taux d’intérêt bas, soit garantir un prêt d’une autre provenance. La société basée en Suisse prête ensuite l’argent à un taux plus élevé à une banque qui, à son tour, le prête à un taux encore plus élevé au Congo ». Sont aussi signalés des versements de bonus à la classe politique congolaise par Elf. Le brut congolais est sous-facturé et revendu avec une marge bénéficiaire de 0,20 $ US le baril ; sur chaque baril est prélevé 0,40 $US placé sur des comptes au Liechtenstein au nom d’Elf puis ensuite viré sur des comptes off- shore de la classe dirigeante congolaise. La Compagnie française fournit à l’État Congolais 70% de ses revenus. Mais détrompez-vous, l’argent n’atterrit pas très souvent dans les caisses de l’État. La Société nationale des Pétroles du Congo, la SNPC, est une caisse noire qui permet aux pontes du régime de siphonner les ressources provenant du pétrole. En 2001, la SNPC, selon le FMI, n’aurait rien versé de ses bénéfices (42 millions de dollars), après taxe, au budget de l’État. Ce sont 248 millions de dollars provenant de l’extraction du brut congolais qui n’ont pas laissé la moindre trace dans la comptabilité nationale entre 1999-2000 selon le FMI cité dans ce rapport.

Sur le budget 2003 du Congo, sur les 800 millions de dollars de revenus pétroliers, seuls 650 millions de dollars américains ont été inscrits. Les chefs des églises congolaises, conscients de la situation, ont d’ailleurs adressé une lettre au président Denis Sassou Nguesso en 2002. Une lettre dans laquelle ils appellent à la transparence dans la gestion des biens publics. Au sujet du pétrole, ils écrivent : « le peuple congolais sait de ce que reçoit (le) pays de l’or noir, c’est le prix du pétrole mesuré, non pas en barils ou en dollars, mais en souffrance, en misère, en guerres successives, en sang, en déplacements des populations, en exil, en chômage, en retard de salaires, en non-paiement de salaires ».

En Angola, un quart de revenus du pétrole est détourné par Dos Santos et son entourage, selon le rapport. Entre 1997-1998, le chef de l’État angolais aurait détourné par an en moyenne 1,7 milliards de dollars. Alors que le pays est surendetté et un quart d’enfants angolais meurent avant l’âge de cinq ans. Faute de soins et de malnutrition. Un million d’Angolais déplacés à cause de la guerre ne vivent que grâce à l’aide alimentaire de la communauté internationale.

Quant à la Guinée équatoriale, devenue un eldorado depuis l’exploitation du pétrole en 2002, elle est devenue la propriété privée de la famille du Président au pouvoir. Bien que la production pétrolière ait entraîné l’augmentation du PIB, le niveau de vie de la population reste parmi les plus bas d’Afrique. 80% de revenus sont monopolisés par la famille Nguema. Entre-temps, 65% de la population vit dans une pauvreté extrême.

Même cas de figure dans les deux pays précédents. L’argent du pétrole équato-guinéen, logé à la Riggs Bank de Washington, sert à acheter à la famille du président Obiang Nguema de luxueuses résidences de plusieurs millions de dollars américains.

La plupart de ces chefs d’État disposent d’un compte à l’étranger copieusement arrosé par cet argent volé aux peuples africains. Rappelons-nous le récent scandale Elf en France. Avec de tels avantages, aucun de ces chefs d’État aussi corrompus et cupides n’accepteront l’avènement d’un exécutif continental en Afrique et qui les empêcherait de piller. Et les multinationales qui tirent profit de cette situation useront de toutes les voies sales pour empêcher le premier qui osera mettre le jalon d’une telle entreprise : les États-Unis d’Afrique. Alors, il appartient à la jeunesse africaine, aux hommes politiques africains conscients de se débarrasser de tous ces kleptocrates.

Au plus vite possible. Le renouvellement de la classe dirigeante en Afrique est un impératif. Il faut faire sauter, partout, tous ces chefs d’État fantoches qui freinent de quatre fers la marche de l’Afrique et ses peuples vers le bonheur.Penser réunir tous les pays africains sous un pouvoir continental serait illusoire. Mais les plus hardis peuvent déjà se jeter à l’eau.

Les États-Unis d’Amérique ont été constitués à partir de 11 États. Aujourd’hui c’est un ensemble de 50 États. Pour arriver à cela, que des difficultés les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique n’ont pas eu. Aujourd’hui, dans leur tombe, ils peuvent se reposer tranquilles. Ils ont construit une puissance n’hésitant pas à livrer en son temps une guerre à l’Angleterre. Plus tard leurs descendants, lors de la guerre de sécession qui a failli mettre en péril les fondements des États-Unis d’Amérique, n’ont pas hésité non plus à recourir à l’épée pour sauver le rêve des pères fondateurs.

L’Union européenne était à ses débuts constituée de six États en 1951 avec la CECA(communauté européenne de charbon et d’acier). Aujourd’hui, à compter du 1er mai 2004, ce sont vingt cinq pays qui sont membres de l’Union européenne avec tous les avantages que cela comporte.

D’autres pays frappent encore à cette porte. Le cas le plus délicat est celui de la Turquie dont on ne sait pas si ce pays est un bout de l’Occident en Orient ou plutôt un bout d’Orient en Occident. Valéry Giscard d’Estaing, l’ancien Président de la République française et Edouard Balladur, ancien ministre de l’intérieur français se sont d’ailleurs prononcé contre l’adhésion de la Turquie qui, disent–ils, est un pays extra - européen et musulman. La candidature de la Turquie pose même l’inextricable problème de la frontière du continent européen.

Comme les autres pays africains traînent le pas, il suffit que quelques pays courageux enclenchent le processus et les autres viendront s’y agglutiner naturellement.L’Afrique n’est pas l’Amérique. Les États-Unis d’Afrique ne se bâtiront pas sur l’exemple américain. Les circonstances ayant abouti à la création de cette fédération d’États du nouveau monde sont différentes. Des peuples différents venus d’horizons différents avec des intérêts divergents se sont entendus sur ce qui pourrait les unir et ont construit les États Unis d’Amérique. Le désir d’indépendance et surtout la volonté de sortir de la misère et de se faire respecter par la très puissante Angleterre ont été pour beaucoup dans la création des États-Unis d’Amérique. Même si beaucoup de ces Américains sont issus de l’Europe, ils ne se sentent plus liés à ces pays dont ils sont originaires du moment où leurs intérêts ne sont pas pris en compte par les Anglais.

Combien de fois, nous, Africains qui n’avons rien à voir avec l’Europe ? Nous avons été colonisés par l’Europe. C’est une réalité historique qu’on ne peut renier. D’ailleurs beaucoup de métis et mulâtres africains sont là pour nous rappeler.

Beaucoup de Blancs dont les ancêtres sont venus de l’Europe sont chez eux en Afrique. Où est-ce qu’ils pourront partir puisqu’ils n’ont plus aucune attache parentale en Europe ? Aujourd’hui les Boers établis en Afrique du Sud sont établis en Afrique depuis plus de 350 ans. Faut-il combien de temps pour devenir autochtone d’un pays ? Les Boers même s’ils ont inventé l’apartheid n’ont pas à craindre. Ils sont Africains. Ceci dit, il faut donc écarter l’idée comme quoi la création des États-Unis d’Afrique se fera sur le dos de ces Africains issus de l’Europe. Nous avons besoin d’eux puisqu’ils sont une richesse pour nous. C’est vrai que la colonisation a créé cette injustice qui fait que les Africains de souche ont été spoliés de leurs terres au profit des Blancs. C’est le cas en Afrique du Sud, en Namibie, au Zimbabwe et dans bien d’autres pays Africains où les colons avaient transformé ces territoires en colonie de peuplement. Aujourd’hui il faut redistribuer ces terres spoliées pour qu’il y ait la paix sociale dans ces pays d’Afrique. C’est un préalable.

Mais il faut faire cette réforme agraire avec tact et intelligence pour ne pas créer d’autres frustrations et handicaper la machine économique comme c’est le cas dans certains pays de l’Afrique australe. Ces Blancs et métis dont les ancêtres ont été des bourreaux pour les nôtres sont aujourd’hui nos frères et c’est une donne que nous devons intégrer dans la construction de ce nouvel État que nous appelons, depuis des lustres, de tous nos vœux.

Il est illusoire de penser bâtir les États-Unis d’Afrique sur de bases racistes. Aujourd’hui ce qui fait l’homme ce n’est pas la couleur de sa peau mais la force de sa matière grise. Les États-Unis d’Afrique sont simplement un cadre pour la réunification de l’Afrique et le recouvrement de sa dignité. Les erreurs faites par ceux qui ont été à l’origine du mouvement panafricaniste étaient dues sans doute à leur haine de l’Homme blanc qui les a asservis et déshumanisés. Mais on ne peut pas construire un avenir radieux en ressassant un passé douloureux et en prônant la vengeance. ( Extraits de « L’unité Africaine, du rêve la nécessité : Plaidoyer pour les États-Unis d’Afrique » de Michaël N. DIDAMA, Éditions SAO, N’Djamena, Octobre 2004, 168 Pages ISBN 2-915918-00-7)

Publié le 1 juillet 2007.


RD

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La problématique « États-Unis d’Afrique »

Le sommet de l’union africaine à Accra (Ghana) s’ouvre le 1e juillet 2007

Source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=71542

Les 53 États membres de l’Union africaine (UA) vont plancher du 1er au 3 juillet au Ghana sur les moyens de renforcer l’organisation panafricaine, en dépit des conflits qui touchent de nombreux pays.

Sujet principal du 9e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) à Accra, la constitution d’un gouvernement de l’Union et des États-Unis d’Afrique rencontre un écho inégal sur le continent et semble bien éloignée des préoccupations des Africains. Le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, fervent partisan des États-Unis d’Afrique, l’a rappelé jeudi à Accra : « La bataille pour les États-Unis d’Afrique est la seule qui vaille pour notre génération, la seule capable d’apporter des réponses aux mille problèmes des populations africaines ».

Pour lui, « c’est le projet fédéral que nous avons à terme en perspective », reconnaissant qu’il reste à définir « les pouvoirs et les moyens d’un exécutif continental plus fort ». Pour son processus d’intégration, l’UA a choisi le modèle européen : selon le plan envisagé par les 53 États qui avaient créé l’Union pour remplacer l’Organisation de l’unité africaine (OUA, créée après les indépendances), l’Afrique aura un « gouvernement » d’ici 2009 et se transformera en une fédération des États-Unis d’Afrique en 2015.

Mais cette perspective divise l’Afrique, pourtant baignée de l’idéal de « l’unité africaine » prêchée par les pères des indépendances, comme le Ghanéen Kwame N’Krumah ou le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. « Le débat sera très intéressant, mais il ne faut pas rêver, il débouchera sur un compromis obligatoire entre les Ètats qui veulent plus de pouvoir pour l’UA et ceux qui s’y opposent », explique un haut responsable de l’UA qui a souhaité garder l’anonymat.

Les pour et les contre

D’un côté, les pays du Maghreb, à l’exception de la Libye et d’Afrique australe, se montrent au mieux prudents (Angola, Namibie, Mozambique), voire carrément hostiles (Afrique du Sud). De l’autre, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, surtout les pays francophones, acceptent l’idée, le Sénégal et le Mali étant les deux seuls pays à avoir inscrit cette possibilité dans leur constitution.

En Afrique de l’Est, la question n’a pas encore été tranchée, certains pays, comme l’Éthiopie, prônant un compromis qui permettrait à l’UA de ne pas imploser, mais assurerait aussi plus de pouvoir à la Commission. « C’est toute l’ambiguïté du ‘’Grand débat sur le gouvernement de l’Union’’, parce que, aujourd’hui, bien qu’elle n’en ait pas le mandat, c’est la Commission qui joue ce rôle de gouvernement africain, avec une grande visibilité, notamment sur la résolution des conflits », note un observateur occidental. « Le problème reste que très peu d’États sont prêts à abandonner une partie de leur souveraineté », ajoute-t-il, soulignant que « ce débat a également peu de sens pour la majorité des Africains, donc un certain manque de légitimité ».

Selon un mini-sondage réalisé par le site internet consacré à l’Afrique, Africatime, sur 2644 internautes africains 62% se sont dits favorables « à la formation du gouvernement de l’Union comme première étape vers la création des États-Unis d’Afrique », tandis que 31,62% ont estimé qu’il faut « d’abord créer les États-Unis d’Afrique ». 6% ne se sont pas prononcés.

Ce sondage n’est évidemment pas représentatif quand on sait que très peu des quelque 900 millions d’Africains ont accès à internet et que la majorité vit avec moins d’un dollar par jour. Le Conseil exécutif de l’UA avait déclaré en novembre 2006 que « tous les États membres acceptent les « États-Unis d’Afrique comme un objectif commun et souhaitable. Toutefois, des divergences existent en ce qui concerne les modalités et le délai de réalisation de cet objectif et le rythme approprié pour l’intégration ».

L’UA a lancé une consultation publique, car « le gouvernement de l’Union doit être une union des peuples africains et non pas une union des seuls États et gouvernements », mais les résultats n’en sont pas encore connus. Mais l’absence du président soudanais Omar Al Bachir, la Somalie et les Comores, ainsi que l’attentat raté contre le premier ministre ivorien devront également replonger ce sommet dans l’urgence africaine. En dépit des efforts – souvent douteux – de Mouaâmar Kadhafi en faveur de l’idée des « États-Unis d’Afrique ».

Article écrit par la journaliste Adlène Meddi


RD

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