lundi 2 juillet 2007
La problématique « États-Unis d’Afrique »
Le sommet de l’union africaine à Accra (Ghana) s’ouvre le 1e juillet 2007
Source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=71542
Les 53 États membres de l’Union africaine (UA) vont plancher du 1er au 3 juillet au Ghana sur les moyens de renforcer l’organisation panafricaine, en dépit des conflits qui touchent de nombreux pays.
Sujet principal du 9e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) à Accra, la constitution d’un gouvernement de l’Union et des États-Unis d’Afrique rencontre un écho inégal sur le continent et semble bien éloignée des préoccupations des Africains. Le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, fervent partisan des États-Unis d’Afrique, l’a rappelé jeudi à Accra : « La bataille pour les États-Unis d’Afrique est la seule qui vaille pour notre génération, la seule capable d’apporter des réponses aux mille problèmes des populations africaines ».
Pour lui, « c’est le projet fédéral que nous avons à terme en perspective », reconnaissant qu’il reste à définir « les pouvoirs et les moyens d’un exécutif continental plus fort ». Pour son processus d’intégration, l’UA a choisi le modèle européen : selon le plan envisagé par les 53 États qui avaient créé l’Union pour remplacer l’Organisation de l’unité africaine (OUA, créée après les indépendances), l’Afrique aura un « gouvernement » d’ici 2009 et se transformera en une fédération des États-Unis d’Afrique en 2015.
Mais cette perspective divise l’Afrique, pourtant baignée de l’idéal de « l’unité africaine » prêchée par les pères des indépendances, comme le Ghanéen Kwame N’Krumah ou le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. « Le débat sera très intéressant, mais il ne faut pas rêver, il débouchera sur un compromis obligatoire entre les Ètats qui veulent plus de pouvoir pour l’UA et ceux qui s’y opposent », explique un haut responsable de l’UA qui a souhaité garder l’anonymat.
Les pour et les contre
D’un côté, les pays du Maghreb, à l’exception de la Libye et d’Afrique australe, se montrent au mieux prudents (Angola, Namibie, Mozambique), voire carrément hostiles (Afrique du Sud). De l’autre, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, surtout les pays francophones, acceptent l’idée, le Sénégal et le Mali étant les deux seuls pays à avoir inscrit cette possibilité dans leur constitution.
En Afrique de l’Est, la question n’a pas encore été tranchée, certains pays, comme l’Éthiopie, prônant un compromis qui permettrait à l’UA de ne pas imploser, mais assurerait aussi plus de pouvoir à la Commission. « C’est toute l’ambiguïté du ‘’Grand débat sur le gouvernement de l’Union’’, parce que, aujourd’hui, bien qu’elle n’en ait pas le mandat, c’est la Commission qui joue ce rôle de gouvernement africain, avec une grande visibilité, notamment sur la résolution des conflits », note un observateur occidental. « Le problème reste que très peu d’États sont prêts à abandonner une partie de leur souveraineté », ajoute-t-il, soulignant que « ce débat a également peu de sens pour la majorité des Africains, donc un certain manque de légitimité ».
Selon un mini-sondage réalisé par le site internet consacré à l’Afrique, Africatime, sur 2644 internautes africains 62% se sont dits favorables « à la formation du gouvernement de l’Union comme première étape vers la création des États-Unis d’Afrique », tandis que 31,62% ont estimé qu’il faut « d’abord créer les États-Unis d’Afrique ». 6% ne se sont pas prononcés.
Ce sondage n’est évidemment pas représentatif quand on sait que très peu des quelque 900 millions d’Africains ont accès à internet et que la majorité vit avec moins d’un dollar par jour. Le Conseil exécutif de l’UA avait déclaré en novembre 2006 que « tous les États membres acceptent les « États-Unis d’Afrique comme un objectif commun et souhaitable. Toutefois, des divergences existent en ce qui concerne les modalités et le délai de réalisation de cet objectif et le rythme approprié pour l’intégration ».
L’UA a lancé une consultation publique, car « le gouvernement de l’Union doit être une union des peuples africains et non pas une union des seuls États et gouvernements », mais les résultats n’en sont pas encore connus. Mais l’absence du président soudanais Omar Al Bachir, la Somalie et les Comores, ainsi que l’attentat raté contre le premier ministre ivorien devront également replonger ce sommet dans l’urgence africaine. En dépit des efforts – souvent douteux – de Mouaâmar Kadhafi en faveur de l’idée des « États-Unis d’Afrique ».
Article écrit par la journaliste Adlène Meddi
RD
Source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=71542
Les 53 États membres de l’Union africaine (UA) vont plancher du 1er au 3 juillet au Ghana sur les moyens de renforcer l’organisation panafricaine, en dépit des conflits qui touchent de nombreux pays.
Sujet principal du 9e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) à Accra, la constitution d’un gouvernement de l’Union et des États-Unis d’Afrique rencontre un écho inégal sur le continent et semble bien éloignée des préoccupations des Africains. Le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré, fervent partisan des États-Unis d’Afrique, l’a rappelé jeudi à Accra : « La bataille pour les États-Unis d’Afrique est la seule qui vaille pour notre génération, la seule capable d’apporter des réponses aux mille problèmes des populations africaines ».
Pour lui, « c’est le projet fédéral que nous avons à terme en perspective », reconnaissant qu’il reste à définir « les pouvoirs et les moyens d’un exécutif continental plus fort ». Pour son processus d’intégration, l’UA a choisi le modèle européen : selon le plan envisagé par les 53 États qui avaient créé l’Union pour remplacer l’Organisation de l’unité africaine (OUA, créée après les indépendances), l’Afrique aura un « gouvernement » d’ici 2009 et se transformera en une fédération des États-Unis d’Afrique en 2015.
Mais cette perspective divise l’Afrique, pourtant baignée de l’idéal de « l’unité africaine » prêchée par les pères des indépendances, comme le Ghanéen Kwame N’Krumah ou le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. « Le débat sera très intéressant, mais il ne faut pas rêver, il débouchera sur un compromis obligatoire entre les Ètats qui veulent plus de pouvoir pour l’UA et ceux qui s’y opposent », explique un haut responsable de l’UA qui a souhaité garder l’anonymat.
Les pour et les contre
D’un côté, les pays du Maghreb, à l’exception de la Libye et d’Afrique australe, se montrent au mieux prudents (Angola, Namibie, Mozambique), voire carrément hostiles (Afrique du Sud). De l’autre, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, surtout les pays francophones, acceptent l’idée, le Sénégal et le Mali étant les deux seuls pays à avoir inscrit cette possibilité dans leur constitution.
En Afrique de l’Est, la question n’a pas encore été tranchée, certains pays, comme l’Éthiopie, prônant un compromis qui permettrait à l’UA de ne pas imploser, mais assurerait aussi plus de pouvoir à la Commission. « C’est toute l’ambiguïté du ‘’Grand débat sur le gouvernement de l’Union’’, parce que, aujourd’hui, bien qu’elle n’en ait pas le mandat, c’est la Commission qui joue ce rôle de gouvernement africain, avec une grande visibilité, notamment sur la résolution des conflits », note un observateur occidental. « Le problème reste que très peu d’États sont prêts à abandonner une partie de leur souveraineté », ajoute-t-il, soulignant que « ce débat a également peu de sens pour la majorité des Africains, donc un certain manque de légitimité ».
Selon un mini-sondage réalisé par le site internet consacré à l’Afrique, Africatime, sur 2644 internautes africains 62% se sont dits favorables « à la formation du gouvernement de l’Union comme première étape vers la création des États-Unis d’Afrique », tandis que 31,62% ont estimé qu’il faut « d’abord créer les États-Unis d’Afrique ». 6% ne se sont pas prononcés.
Ce sondage n’est évidemment pas représentatif quand on sait que très peu des quelque 900 millions d’Africains ont accès à internet et que la majorité vit avec moins d’un dollar par jour. Le Conseil exécutif de l’UA avait déclaré en novembre 2006 que « tous les États membres acceptent les « États-Unis d’Afrique comme un objectif commun et souhaitable. Toutefois, des divergences existent en ce qui concerne les modalités et le délai de réalisation de cet objectif et le rythme approprié pour l’intégration ».
L’UA a lancé une consultation publique, car « le gouvernement de l’Union doit être une union des peuples africains et non pas une union des seuls États et gouvernements », mais les résultats n’en sont pas encore connus. Mais l’absence du président soudanais Omar Al Bachir, la Somalie et les Comores, ainsi que l’attentat raté contre le premier ministre ivorien devront également replonger ce sommet dans l’urgence africaine. En dépit des efforts – souvent douteux – de Mouaâmar Kadhafi en faveur de l’idée des « États-Unis d’Afrique ».
Article écrit par la journaliste Adlène Meddi
RD
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